INTERVIEW with Leatitia Tshombe - Le mouvement George Floyd vu d'Europe

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Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de FrenchAllover où nous avons la chance de recevoir Laetitia Tshombe, fille et petite-fille de dignitaires congolais, artiste reconnue et aujourd'hui résidente allemande après avoir voyagé le monde entier.

INTERVIEW
- Bonjour Leatitia,comment vas-tu ?

- Ouais, super, ouais ça va.

- Merci d'avoir accepté mon invitation et d'avoir libéré du temps dans ton agenda chargé afin de partager ton regard d'européenne enrichi des couleurs de l'Afrique, puisque tu es d'origine congolaise, sur le mouvement George Floyd.

- Exactement. Voilà me voilà.

- Alors tu es prête ?

- Oui.

- Alors, allons droit au but et dis-moi à ton avis quel regard l'Europe porte-t-elle sur l'Amérique suite au meurtre de George Floyd ?

- Donc en fait, ce triste événement a soulevé la question du racisme par les forces de l'ordre aux États-Unis et plus particulièrement envers la communauté noire étant donné que ce n'était pas la première fois. Ce qui s'est passé bien entendu nous renvoie à la situation des afro-américains aux États-Unis où règne déjà beaucoup de violence et d'inégalités politiques, économiques et sociales et ce depuis la fin de l'esclavage. On peut quand même constater à une non-intégration de la communauté afro-américaine dans le système américain.

- Malgré les discriminations positives qui ont été mises en place, beaucoup de choses, on a même eu un Président noir, afro-américain. Donc beaucoup de choses ont été tentées, on va dire, pour si possible égaliser ces inégalités et rien n'y fait.

- Non, visiblement pour ce qu'on voit et pour mon expérience avec des Afro-Américains. Ok l'élection de Barack Obama qui était une personne bien entendu de couleur mais toutefois la population n'a pas ressenti une amélioration en ce qui concerne la justice à leur égard. Donc ça ce n'a pas encore été résolu.

- C'est un problème de mentalité, tu penses que c'est c'est trop récent, c'est-à-dire les droits civiques sont finalement trop récents pour avoir eu le temps de changer profondément les mentalités ou le système ?

- Ce qui se passe à mon sens, le peuple n'avait pas encore réellement, donc le peuple afro-américain, n'a pas encore réellement à mon sens pris sa place et affirmé clairement son identité, donc l'affirmation bien entendu d'une identité, ça semble logique que la justice serait équitable aussi. Donc à partir du moment où le peuple afro-américain, ou bien les afro-américains, jusqu'à aujourd'hui n'avaient pas encore réellement pris leur place et donc aujourd'hui en fait, ils deviennent plutôt acteurs, c'est comme aujourd'hui, il se reconnaissaient.

- D'accord, mais pourquoi pourquoi il a fallu, je sais pas, est-ce qu'il a fallu attendre ce meurtre de George Floyd, parce qu'il y en a eu plein avant cela ! Pourquoi ce meurtre en particulier a-t-il créé une indignation mondiale? Ce n'était jamais arrivé, même avec le passage à tabac de Rodney King en 91 ce n'était pas arrivé.

- Oui tout à fait, en fait ça a été le meurtre de trop, le meurtre de trop, la goutte qui fait déborder le vase. Et a mon sens une colère contenue depuis trop longtemps. D'accord, il y en a qui disent que, je ne sais pas, que ce serait aussi lié au gouvernement, ce ne serait pas seulement une colère. C'est une colère bien sûr sur le fait, racisme et tout ça, on s'insurge mais aussi contre le gouvernement, surtout quand ça vient de l'extérieur, c'est-à-dire que...à Paris il y a eu une manifestation avec 20 000 personnes, tu te rends compte un peu, quelque chose comme ça pour un fait qui ne s'est pas passé sur leur territoire !

- A Berlin aussi...

- A Berlin aussi, à Bruxelles, enfin partout, partout, dans toutes les grandes villes. Donc est-ce que ce serait, oui possible, pas seulement une révolte, une révolte bien sûr contre les faits mais qui irait beaucoup plus loin que ça ? Oui bien sûr, bien entendu, à mon sens il y a deux problèmes, l'impunité de la police américaine qui reflète un petit peu aussi l'image des États-Unis à travers le monde. Les États-Unis sont vus comme étant le justicier mondiale et comme on le sait aux États-Unis le système judiciaire est aussi essentiellement contrôlé par les blancs où malheureusement certaines choses comme les préjugés de la police envers les noirs sont encore très difficiles à changer, à mon temps c'est aussi une révolte mondiale contre le système judiciaire américain et qui es dans le fond d'une certaine façon appliqué dans le monde entier.

- L'impérialisme américain.

- L'impérialisme américain, pour ne pas le citer.

- Et justement tu disais, tu parles de l'impunité de la police. Ce qui a été assez étonnant c'est que les policiers se savaient filmés, cela ne les a pas empêchés de continuer à étouffer George Floyd, malgré la population autour qui filmait, qui disait "mais attention il étouffe, il faut le laisse et il est hors, de toute façon, d'état de faire quoique ce soit."  Et là, oui, avec ça, est-ce que le fait d'être filmé, de ne pas changer ton comportement, est-ce que on peut conclure que la police américaine pense avoir une immunité totale, qu'elle peut agir donc en totale impunité parce que le système américain est raciste et de ce fait accorderait implicitement ce droit aux forces de l'ordre?

- Tout à fait, oui tout à fait, et d'ailleurs, c'est ce qu'on  retrouve aussi à travers le monde.

- À travers le monde... donc toi qui connais très bien toute l'Europe, tu habites à Berlin depuis quoi, ça fait dix ans maintenant ?

- 16 ans.

- 16 ans ! Oh la la d'accord donc tu es totalement berlinoise maintenant, est-ce que tu as constaté...est-ce que l'Europe est différente ou bien tu constates la même chose ?
l'Europe oui donc c'est différent dans le sens où on peut dire malgré tout que l'intégration des personnes de couleur est meiux réussie...

- Malgré une histoire coloniale super longue.

- Mais oui, oui, mais justement toutefois les modes de manifestation du racisme sont un petit peu devenus inavoués, cela se présente surtout à travers peut-être des des expressions indirectes et un peu vite. C'est un racisme aujourd'hui qui est devenu plutôt voilé, et ces formes de racisme en fait n'apparaissent plus que exceptionnellement finalement dans le fond dans l'espace public sous forme d'actes flagrants ou des propos très explicites.

- Est-ce que ce serait justement parce que le système judiciaire est beaucoup plus stricte face à  des dérapages du genre totalement inacceptables ? Est-ce que c'est parce que la justice est du côté justement de l'égalité des races, des religions etc...?

- Ce qu'il faut dire aussi c'est que bon en Europe nous n'avons pas vécu de ségrégation. A l'époque, aux États-Unis, la police était en charge de fare respecter cette ségrégation, donc c'est profondément ancré déjà dans le système judiciaire.

- C'est vrai, c'est une grosse différence.

- Ca c'est la grosse différence avec l'Europe, c'est qu'ils n'ont pas vécu de ségrégation.On peut peut-être le comparer à l'Afrique du Sud où là effectivement aussi dans le système judiciaire  ce sont aussi des événements qu'on rencontre encore souvent là-bas.

- Encore aujourd'hui bien sûr.

- Encore aujourd'hui bien entendu, bon peut-être qu'on en parle moi pour le moment bien que ça peut encore arriver, probablement. Moi j'ai l'impression que le problème de l'Afrique du Sud n'est toujours pas résolu. Donc aujourd'hui ben il y a une nouvelle vague en Europe justement identitaire en rapport avec le peuple, le peuple africain qui aujourd'hui exige, si on peut le dire de cette façon-là, un travail de mémoire, un travail de mémoire sur le passé.

- Et quel serait le but ?Justement de cette identité dont tu parlais et qui manque au peuple afro-américain ?

- Non, non peut-être de raconter une autre réalité sur ce qui est réellement écrit, donc si on prend le cas de l'Allemagne où je me trouve à l'heure actuelle...

- Oui et qui a une histoire lourde aussi.

- Qui a vécu d'ailleurs un racisme d'extermination.Et je me rappelle encore dans dans ma jeunesse, j'avais toujours refusé pour cette raison d'ailleurs d'aller en Allemagne jusqu'à ce que le... oui parce que le nazisme a été quelque chose qui m'a marqué dans ma jeunesse, j'avais lu beaucoup de livres à cette époque vers l'âge de 14-15 ans et j'avais vu beaucoup de films et ça a été un événement qui m'a profondément marquée, tout comme les États-Unis d'ailleurs, c'est aussi une des raisons pour lesquelles je n'ai pas encore osé me rendre aux États-Unis. J'aimerais toutefois mais j'ai j'ai j'ai comme une apprehension.

- J'espère que tu le feras !

- Oui, ben oui tout à fait, parce que pour mes projets futurs à mon avis ce sera indispensable. Mais pour en revenir à l'Allemagne, j'avais toujours une sorte d'appréhension donc par rapport à ce qu'on apprend dans les livres d'école, à ce qu'on lit et voilà que le destin à fait en sorte que je me sois retrouvée ici.

- Et pas n'importe où, à Berlin !

- Et pas n'importe où, à Berlin qui portait quand même...Qui porte toute cette histoire mais où, pour moi, l'Allemagne se différencie énormément par rapport aux autres pays européens, c'est par son travail de mémoire sur ses erreurs du passé. Même s'il y a encore du racisme aujourd'hui plus jamais ça est réellement ancré dans la mentalité, berlinoise en tout cas pour ma part puisque je vis à Berlin et en ce sens d'ailleurs Berlin est très particulier.

- C'est très intéressant et tu as deux enfants qui vont à l'école allemande à Berlin et alors tu peux aussi le constater dans l'enseignement par exemple ?

- A quel sujet exactement?

- Cette insistance sur le travail de mémoire, sur le plus jamais ça, sur revenir sur ses erreurs et essayer de les corriger, bon c'est difficile mais disons de ne pas les reproduire, est-ce que tu le constates dans les écoles ? Parce que finalement pour avoir un changement, il faut, il faut l'appliquer sur les générations qui viennent. C'est eux qui vont pouvoir transformer les mentalitéS, les pays, les interactions avec les gens, le système judiciaire... et ça tu le constates dans les écoles ?

- Oui tout à fait et puis c'est un petit peu aussi le modèle, le modèle actuel allemand. Ca représente quelque part, ben on corrige les erreurs. On les regarde. On les corrige et puis on regarde devant et on construit ensemble.

- Très très bien. Laetitia, nous nous connaissons depuis... je n'ose même pas dire, plus de 30 ans.

- Oui, oui c'est bien ça d'ailleurs. Disons que nous sommes devenues assez proches en 2e secondaire, bon effectivement on avait 14 ans donc on peut dire que ça fait aujourd'hui 30 ans.

- Tu te rends compte !Bon, je t'ai toujours vue super à l'aise au milieu de toutes les races, toutes les religions. Enfin, tu as toujours été entourée d'un énorme réseau social, jusqu'à aujourd'hui et extrêmement diversifié.

- Oui pour moi, c'est une valeur très très importante, pour moi, dans ma vie, dans ce que j'ai envie de voir autour de moi et dans la manière dont j'éduque mes enfants, dans la diversité.

- Tout à fait, c'est vraiment ça, donc énormément d'amis, énormément de contacts, de toutes les races, de toutes les religions, depuis toute petite, depuis qu'on se connaît je t'ai toujours vue comme ça.

- Tout à fait et ça n'a pas changé !

- Et tu vas à droite, à gauche, enfin sans soucis, sans inquiétude, enfin tu ne sembles pas en avoir et jamais une seule fois, je ne t'ai entendue mentionner des problèmes racistes, jamais. Je vais te poser la question maintenant, as-tu déjà vécu personnellement des expériences de discrimination surtout par les forces de l'ordre parce que bon les gens... à cause de ta couleur, est-ce que ça t'est déjà arrivé ?

- Alors personnellement, je ne sais pas si c'est une question de chance ou si c'est une façon de se percevoir dans le monde mais en tout cas moi j'ai subi une seule fois dans ma vie donc à l'âge de 16 ans d'ailleurs, 17 ans pour être précis. Je voyagais avec deux amies belges et oui, ben blanches aussi. Nous étions aller en Tunisie et à notre retour à l'aéroport de Bruxelles comme j'étais la seule personne de couleur noire sortant de l'avion, ils ont laissé partir tout le monde et sauf moi, elle a demandé à ouvrir mes valises pour vérifier si j'avais emporté des marchandises non déclarées et ça a été la seule fois où j'ai trouvé cela réellement injuste.

- Oui c'était vraiment discriminatoire mais ce n'est pas allé plus loin que ça, c'est-à-dire ils ont contrôlé tes bagages et puis voilà ils ont dit bon c'est bon rien à déclarer vous pouvez y aller.

- Ils ont pu fouiller mon sac et ils ont pu constater par eux-même que je n'avais rien à déclarer mais en tout cas à ce moment-là, étant la seule personne de couleur dans l'avion, en plus à 17 ans donc j'étais encore très jeune. Ben écoute, c'était clairement un acte discriminatoire, clairement.

- Et comment as-tu réagi? est-ce que tu as mentionné quelque chose, dit quelque chose ou tu as préfèré juste bon allez on va jouer le jeu et c'est tout?

- Oui disons que je l'ai tourné à la dérision, je pense que je me suis même amusée à, si je me rappelle bien, j'avais encore retiré mes habits devant eux alors en prenant ça avec humour et en leur montrant bien que je n'avais rien à déclarer avec moi et justement ben à leur montrer justement le ridicule.

- Ca te correspond bien, c'est ça aussi qu'il faut dire c'es que tu prends les choses avec beaucoup de recul et de dérision. Oui donc c'est très subtil en fin de compte.

- En fait en fin de compte c'est très subtil et j'ai peut-être toujours été un petit peu rebelle. C'est peut-être une notion, bon ben si on regarde finalement le racisme c'est une croyance de toute façon inconsciente dans la négation de la diversité humaine comme valeur. Bien en fait pour moi, je n'ai jamais adhéré à cette croyance-là et encore jusqu'à aujourd'hui. Non, je n'accepte pas cette croyance-là. Alors peut-être je ne sais pas est-ce que... c'est peut-être le fait que cette croyance est tellement important chez moi que je n'attire pas cela ? Ben ça reste une question aujourd'hui, à l'heure actuelle.

- Oui c'est assez intéressant parce que c'est vrai que je ne t'ai jamais vue mentionner quoique ce soit ou te positionner dans cette idée que oui bon, je suis une personne de couleur donc je risquerais d'avoir des problèmes et je ne vais pas le faire ou je ne vais pas prendre de risques. Jamais, au contraire, complètement insouciante et libre. Libre d'être qui tu es, d'aller où tu veux, de fréquenter qui tu veux, comme tu veux.

- Oui tout à fait je reconnais comme égale ma dignité. Je m'accorde ce droit individuellement.

- C'est peut-être la solution, ça ne peut pas être une question simplement de chance !

- Ben justement aujourd'hui, j'ai l'impression que c'est le réveil aux États-Unis, c'est ça en fait.

- C'est ça dont tu parlais, l'identité et de s'accepter...

- De s'accepter et d'exiger une justice équitable envers soi-même.

- Mais là tu l'exiges en t'imposant toi sans rien demander en fait.

- Oui tout à fait.

- Si tu veux en allant de l'avant sans même mentionner quoique ce soit.

- Sans mentioner quoique ce soit exactement, bien que plus jeune, j'ai toujours appris dans ma famille que en étant de couleur, il fallait toujours être conscient que l'on devrait travailler plus dur, que nous ne sommes pas traités de la même façon parce que nous sommes de couleur, que nous avons une autre valeur mais j'ai toujours refusé de croire à ça.

- Très intéressant et est-ce que c'est unique à toi dans ta famille ou est-ce que tu le constates avec ton frère, ta sœur. Je vais pas parler de tes parents parce que c'est une autre génération déjà c'est différent mais avec ton frère et ta soeur par exemple tu le constates aussi ?

- Si eux le vivent de la même façon que moi ou dans quel sens ?

- oui ou cela n'a jamais été une question pour eux de se poser si bon je suis de couleur ou pas de couleur, je peux faire ça donc ou pas faire ça, d'accepter qu'il y a un racisme ou non en fin de compte ou bien ils ont mené leur vie la vie comme toi d'ailleurs, comme ils l'entendent sans se soucier des préjugés.

- Je pense que ma sœur, c'est un bel exemple parce qu'elle habite à Gand, en région flamande et elle travaille aussi en néerlandais. Oui bien sûr, elle m'a déjà fait part de problèmes de discrimination et racisme. C'est de présent mais elle n'y accorde pas une attention toute particulière. Voilà, elle refuse de se victimiser.

- Et elle est avocate et elle pratique au barreau...

- Et elle pratique au barreau de Gand en tant qu'avocate mais bien sûr oui, pour ma soeur aussi le fait de devoir travailler plus dur est toujours je pense rester chez elle, si je peux le dire comme ça mais elle prend sa place, elle a pris sa place.

- Et elle n'a jamais eu de problèmes majeurs disons.

- Elle n'a jamais eu de problèmes majeurs, tout comme mon frère. Bien sûr, bon, pour la génération de mes parents et plus particulièrement de ma maman étant une belgo-congolaise qui est arrivée en Europe dans les années 50. Bien sûr, elle a vécu les choses différemment.

- C'était une autre époque, à cette époque partout, en Europe aussi et aux États-Unis, atroce, dans les années 50 évidemment là...Il y a eu quand même du progrès on peut dire même s'il y a encore des bavures inacceptables et des mentalités totalement réactionnaires.

- Oui, oui, oui, oui, disons il y a un travail à faire dans les deux sens.

- Et tu penses que cette affaire de meurtre et donc ce mouvement Georges Floyd international et l'insurrection donc qui a suivie, va permettre de changer les choses ? Est-ce que c'est vraiment le début d'un gros changement?

- Oui donc oui ben pour moi oui, comme je l'ai précédemment oui, ben en fait voilà, en fait, enfin le peuple noir devient acteur de sa vie et je pense que les afro-américains sortent aujourd'hui de la victimisation pour réellement jouer un rôle majeur dans ce changement qui nous attend, ben qui est à la porte.

- Oui il y a déjà pas mal de changements et ils en parlent au niveau de la police, de la justice...

- Voilà, c'est que le début mais clairement je crois profondément que les afro-américains vont devenir, vont jouer un rôle majeur dans dans les temps à venir.

- Dans les mentalités c'est ça, dans le changement de mentalité et de regard qu'on peut avoir, que certaines personnes peuvent encore avoir sur eux.

- Bien sûr. Oui bien sûr, d'ailleurs c'est  d'une certaine façon donc moi un petit peu cette expression de Black Lives, ok effectivement je sais qu'il y a d'autres choses qui sont dites aussi sur le site, mais bon moi comme francophone ce que j'entends derrière c'est justement nous avons une identité, nous existons, et aujourd'hui les afro-américains sont prêts à exister.

- J'espère, j'espère que ce sera le dernier événement de cette nature qu'on vivra ici et que les choses vont s'équilibrer.

- Les choses vont s'équilibrer et ben en fait grâce, en fait grâce je ne devrais peut-être pas le dire de cette façon-là, mais malgré le décès de George Floyd, ici en Europe nous sommes tous amenés à quelque part revisiter notre passé pour nous permettre de le guérir et de créer ce changement.

- Des améliorations peuvent toujours être faites, même chew nous c'est certain il y a encore des choses à faire.
Tu es, je l'ai mentionné au début, tu interprètes, tu es artiste, musicienne, théâtrale, danseuse aussi et là tu es en train de monter ta propre compagnie de production théâtrale.

- Alors pour être plus précise, ce serait plutôt ma propre performance donc où des artistes d'Afrique, d'Europe et des États-Unis se rencontreront pour raconter la déportation des Africains vers les États-Unis, pour partir de cette unité où étaient réunis d'ailleurs en Afrique tous les africains qui sont partis vers les États-Unis et donc qui a créé une division et l'idée c'est justement de partir de l'unité à la division pour revenir à l'unité.

- Et ça, cette idée tu l'avais, ça fait déjà un petit bout de temps, je veux dire ce n'est pas du tout lié aux événements.

- Oui-Oui un cheminement, c'est un cheminement des 10 dernières années. Justement le but, c'est donc de raconter tout cela à travers la danse, à travers des chants, des textes et l'image. Et donc effectivement, ça a été mon travail ces 10 dernières années qui m'ont permis donc de côtoyer la danse, le chant, la musique, les textes par des études de traduction à l'époque que j'ai faite et l'image qui m'a toujours énormément intéressée.

- Et donc ce projet c'est  pour 2020 ?

- Pour 2021.

- 2021, d'accord, à Berlin d'abord.

- A Berlin, bien sûr, bien entendu donc la ville...

- Pour commencer, après tu vas faire ton petit tour...

- Où je réside depuis 16 ans, oui et donc oui, ce sera ma 17e année et donc ce sera vraiment un moment où j'aimerais bien partager mon vécu et surtout apporter cette unité, ce rassemblement, que même dans la division, même si nous avons été divisés, nous pouvons nous unifier. Voilà àa c'est le message principal que j'aimerais faire passer à travers cette pièce.

- Que du positif, du positivisme, c'est très encourageant surtout dans les moments qu'on vit, le monde va mal et c'est encourageant de voir, d'entendre des choses comme ça positives. Allons de l'avant. Alors pour finir, Laetitia, quel est ton proverbe français préféré ?

- Alors une belle âme reçoit en donnant et un ingrat dérobe en recevant.

-  Magnifique !!

- Voilà je trouve qu'il résume très bien ce que j'avais envie de partager.

- Et ce que tu es.

- Ce que je suis, exactement, voilà tout à fait, oui.

- Un tout tout grand merci Laetitia.

- Je t'en prie Evelyne c'est un plaisir de participer à ton programme, merci beaucoup pour l'invitation.

- Merci pour ton analyse et ton positivisme et à très bientôt!

ENGLISH TRANSLATION

Hello everyone and welcome to this new episode of FrenchAllover where we are fortunate to receive Leatitia Tshombe, daughter and granddaughter of Congolese dignitaries, recognized artist and now a German resident after having traveled the world.


- Hello Leatitia, how are you?


- Yeah, great, yeah that's fine. 


- Thank you for accepting my invitation and for freeing up time in your busy agenda to share your European outlook enriched with the colors of Africa, since you are of Congolese origin, on the George Floyd movement. 


- Exactly. Here I am.


- So are you ready?


- Yes.


- So, let's get straight to the point and tell me how do you think Europe is looking at the USA, following the murder of George Floyd? 


- So in fact, this sad event raised the question of racism by the police in the United States and more particularly towards the black community since it was not the first time. What happened, of course, brings us back to the situation of African-Americans in the United States, where there has already been a lot of violence and political, economic and social inequality since the end of slavery. We can still see a non-integration of the African-American community in the American system.


- Despite the positive discrimination that has been implemented, many things, we even had a black, African-American President. So many things have been attempted, we will say, to equalize these inequalities if possible and nothing helps.


- No, obviously for what we see and for my experience with African-Americans. Ok the election of Barack Obama who was of course a person of color but however the population did not feel an improvement as regard to justice towards them. So that has not been resolved yet. 


- It is a problem of mentality, you think that it is too recent, that is to say the civil rights are finally too recent to have had the time to deeply change mentalities or the system?


- What is happening to me, the people had not yet really, so the African American people, has not yet really, in my opinion, taken its place and clearly asserted its identity, therefore the assertion of course of an identity, it seems logical that justice would be fair too. So from the moment when the African-American people, or indeed the African-Americans, until today had not really taken their place yet and therefore today in fact, they become rather actors, it is like today, they recognized themselves.


- Okay, but why, why did it take, I don't know, did we have to wait for this murder of George Floyd, because there were many before that! Why did this particular murder create worldwide outrage? It never happened, even with Rodney King's beating in 1991 it never happened.


- Yes absolutely, in fact it was the murder of too many, the murder of too many, the drop that makes the vase overflow. And in my opinion an anger contained for too long. 


- Okay, there are some who say that, I don't know, that it would also be linked to the government, it would not only be anger. It is anger of course on the fact, racism and all that, we rebel but also against the government, especially when it comes from outside, that is to say that ... in Paris there had a demonstration with 20,000 people, you realize a little, something of this importance for a fact that did not happen on their territory!


- In Berlin too ...


- In Berlin too, in Brussels, finally everywhere, everywhere, in all the big cities. So would it be, yes possible, not just a revolt, a revolt of course against the facts but which would go much further than that? 


- Yes of course, of course, in my opinion there are two problems, the impunity of the American police which reflects a little bit also the image of the United States throughout the world. The United States is seen as the global vigilante and as we know in the United States the judicial system is also essentially controlled by the whites where unfortunately certain things like the prejudices of the police towards the blacks are still very difficult to change, in my time it is also a world revolt against the American judicial system and which are in the bottom somehow applied in the whole world. 


- American imperialism.


- American imperialism, not to mention it.


- And you were just saying, you are talking about police impunity. What was quite surprising is that the police knew they were filmed, that did not prevent them from continuing to suffocate George Floyd, despite the people around who filmed, who said "but beware he is suffocating, he must be left and he in any case, is in no state to do anything. " And there, yes, with that, is the fact of being filmed, of not changing your behavior, can we conclude that the American police think they have total immunity, that they can act therefore in total impunity because the American system is racist and therefore implicitly grant this right to the police?


- Absolutely, yes absolutely, and besides, this is what we also find around the world.


- Around the world ... so you, who know all of Europe very well, have you lived in Berlin for what, it's been ten years now?


- 16 years old.


- 16 years old ! Oh my, so you're totally Berlin now, have you noticed ... is Europe different or do you notice the same thing?


- Europe yes so it's different in the sense that we can say despite everything that the integration of people of color is better ...


- Despite a super long colonial history.


- But yes, yes, but precisely however the modes of manifestation of racism have become a little bit unacknowledged, this occurs especially through perhaps indirect expressions and a little quickly. It is a racism today which has become rather veiled, and these forms of racism in fact only appear in the background in public space only exceptionally in the form of flagrant acts or very explicit remarks. 


- Could it be precisely because the judicial system is much stricter in the face of totally unacceptable types of slippage? Is it because justice is precisely on the side of equality of races, religions etc ...?


- What must also be said is that, well in Europe, we have not experienced segregation. At the time, in the United States, the police were in charge of respecting this segregation, so it is already deeply rooted in the justice system. 


- It's true, it's a big difference.


- This is the big difference with Europe, it is that they have not experienced segregation. We can perhaps compare it to South Africa where there indeed also in the judicial system they are also events that we still often meet there. 


- Still today of course.


- Still today of course, good maybe we talk about it for the moment although it can still happen, probably. I have the impression that the problem of South Africa is still not resolved. So today, there is a new wave in Europe which is just about identity, in relation to the people, the African people, which today demands, if we can put it that way, a work of memory, a work of memory on the past.


"And what would be the goal? Precisely of this identity of which you spoke and which the African-American people lack?"


- No, no perhaps to tell another reality about what is actually written, so if we take the case of Germany where I am at present ...


- Yes and which has a heavy history too .


- Who lived besides a racism of extermination.And I still remember in my youth, I always refused for this reason besides to go to Germany until the ... yes because that Nazism was something that marked me in my youth, I had read a lot of books at that time around the age of 14-15 and I had seen many films and it was an event that left a deep impression on me, as did the United States for that matter, it is also one of the reasons why I have not yet dared to go to the United States. I would like, however, but I have I have an apprehension. 


- I hope you will!


- Yes, well yes absolutely, because for my future projects in my opinion it will be essential. But going back to Germany, I always had a kind of apprehension, therefore, in relation to what we learn in school books, what we read, and now destiny has made it so that I found myself here.


- And not just anywhere, in Berlin!


- And not just anywhere, in Berlin which carried all the same ... Who carries all this history but where, for me, Germany differs enormously compared to the other European countries, it is by its work of memory on past mistakes. Even if there is still racism today, it is never really anchored in the mentality, Berlin in any case for my part since I live in Berlin and in this sense besides Berlin is very particular. 


- It's very interesting and you have two children who go to German school in Berlin and then you can also see it in education for example? 


- What exactly?


- This insistence on working with memory, on never again, on going back on your mistakes and trying to correct them, well it's difficult but let's say not to reproduce them, do you notice this in schools? Because ultimately, to have a change, you have to apply it to the generations to come. They are the ones who will be able to transform mentalities, countries, interactions with people, the judicial system ... and that you see in schools? 


- Yes absolutely and then it's a little bit also the model, the current German model. It represents somewhere, well we correct the errors. We watch them. We correct them and then we look ahead and we build together.


- Very very good. Laetitia, we've known each other for ... I don't even dare say, over 30 years.


- Yes, yes that's it indeed. Let's say that we became quite close in Secondary II, well we were 14 years old so we can say that it's been 30 years today.


- You realize! Well, I always saw you super comfortable in the midst of all races, all religions. Finally, you have always been surrounded by a huge social network, until today and extremely diverse. 


- Yes for me, it is a very very important value, for me, in my life, in what I want to see around me and in the way in which I educate my children, in diversity.


- Absolutely, that's really it, so a lot of friends, a lot of contacts, of all races, of all religions, since I was a child, since we got to know each other I've always seen you like that.


- Absolutely and it hasn't changed!


- And you go to the right, to the left, finally without worries, without worry, finally you don't seem to have any and never once, I never heard you mention racist problems, never. I'm going to ask you the question now, have you ever had personal experiences of discrimination especially by the police because good people ... because of your color, has that ever happened to you ?


- So personally, I do not know if it is a question of luck or if it is a way of perceiving yourself in the world but in any case I have suffered only once in my life so at the age of 16 years moreover, 17 years to be precise. I was traveling with two Belgian friends and yes, well white too. We were going to Tunisia and on our return to Brussels airport as I was the only black person leaving the plane, they let everyone go and except me, she asked to open my suitcases for to check if I had taken undeclared goods and this was the only time I found this really unfair.


- Yes it was really discriminatory but it didn't go further than that, that is to say they checked your luggage and then here they said good it's good nothing to declare you can go.


- They were able to search my bag and they could see for themselves that I had nothing to report but in any case at that time, being the only person of color on the plane, in addition to 17 years so I was still very young. Well listen, it was clearly discriminatory, clearly.


- And how did you react? did you mention something, say something or did you prefer just good let's go play the game and that's it?


- Yes let's say that I made a mockery of it, I think I even had fun at, if I remember correctly, I still took off my clothes in front of them so by taking it with humor and showing them that I had nothing to declare with me and precisely ben to show them the ridiculous.


- It suits you well, that's also what you have to say is that you take things with a lot of hindsight and derision. Yes so it's very subtle in the end.


- In fact in the end it's very subtle and I may have always been a little rebellious. It is perhaps a notion, well if we finally look at racism it is a belief anyway unconscious in the negation of human diversity as a value. Well actually for me, I never adhered to this belief and still until today. No, I do not accept this belief. So maybe I don't know ... maybe it's the fact that this belief is so important to me that I don't attract it? Well, that remains a question today, at the moment.


- Yes it's quite interesting because it's true that I never saw you mention anything or position yourself in this idea that yes good, I am a person of color so I would risk having problems and I will not do it or I will not take risks. Never, on the contrary, completely carefree and free. Free to be who you are, to go where you want, to hang out with whoever you want, as you want.


- Yes, absolutely I recognize my dignity as equal. I grant myself this right individually.


- This may be the solution, it cannot just be a matter of luck!


- Well precisely today, I have the impression that it is revival in the United States, that's it in fact.


- This is what you were talking about, identity and accepting...


yourself- Accepting yourself and demanding fair justice for yourself. 


- But there you demand it by imposing yourself without asking anything in fact.


- Yes quite.


- If you want to go ahead without even mentioning anything.


- Without mentioning anything exactly, although younger, I always learned in my family that by being of color, we should always be aware that we should work harder, that we are not treated the same way because we are colored, that we have another value but I always refused to believe that.


- Very interesting and is it unique to you in your family or do you see it with your brother, your sister. I'm not going to talk about your parents because it's another generation already, it's different, but with your brother and your sister, for example, do you notice that too?


- If they live it in the same way as me or in what sense?


- yes or it was never a question for them to ask themselves so good I am of color or no color, I can do that therefore or not do that, to accept that there is a racism or not in the end, or else they have led their lives like you, as they see fit without worrying about prejudice.


- I think my sister is a good example because she lives in Ghent, in the Flemish region and she also works in Dutch. Yes of course, she already told me about problems of discrimination and racism. It is present but she does not pay any particular attention to it. There, she refuses to victimize herself. 


- And she is a lawyer and she practices at the bar ...


- And she practices at the bar of Ghent as a lawyer but of course yes, for my sister also the fact of having to work harder is always I think staying at home, if i can say it like that but it takes its place, it has taken its place.


- And she never had any major problems, let's say.


- She never had any major problems, just like my brother. Of course, good, for the generation of my parents and more particularly of my mom being a Belgian-Congolese who arrived in Europe in the 50s. Of course, she lived things differently.


- It was another era, at that time everywhere, in Europe too and in the United States, atrocious, in the 50s obviously there ... There was still progress we can say even if there is still unacceptable blunders and totally reactionary mentalities.


- Yes, yes, yes, yes, let's say there is work to be done in both directions.


- And you think that this murder case and therefore this international Georges Floyd movement and the insurrection that followed, will make it possible to change things? Is this really the start of a big change? 


- Yes so yes well for me yes, as I previously said yes, well in fact here, in fact, finally the black people becomes an actor of their life and I think that the African-Americans leave today the victimization for really play a major role in this change that awaits us, ben who is at the door.


- Yes, there are already a lot of changes and they are talking about it at the level of the police, the justice ...


- Well, it is only the beginning but clearly I deeply believe that African-Americans will become, will play a major role in the times to come.


- In the mentalities it is that, in the change of mentality and look that one can have, that certain people can still have on them.


- Of course. Yes of course, besides it is in a certain way so me a little bit this expression of Black Lives, ok indeed I know that there are other things which are also said on the site, but good me as a francophone what I hear behind is precisely we have an identity, we exist, and today African-Americans are ready to exist.


- I hope, I hope it will be the last event of this nature that we will live here and that things will balance out.


- Things will balance out and well in fact thanks, in fact thanks I might not have to say it that way, but despite the death of George Floyd, here in Europe we are all brought to revisit somewhere our past to allow us to heal it and create this change.


- Improvements can always be made, even chew us for sure there are still things to do. 
You are, I mentioned it at the beginning, you perform, you are an artist, musician, theatrical, dancer too and there you are setting up your own theatrical production company.


- So to be more precise, it would rather be my own performance so where artists from Africa, Europe and the United States will meet to tell of the deportation of Africans to the United States, to leave this unit where were gathered besides in Africa all the Africans who left for the United States and therefore who created a division and the idea is precisely to leave unity to division to return to unity.


- And that, this idea you had, it's been a little while already, I mean it's not at all linked to events.


- Yes-Yes, a journey, it is a journey of the last 10 years. Precisely the goal is therefore to tell it all through dance, through songs, texts and images. And so indeed, it has been my work for the past 10 years that have allowed me to mix with dance, song, music, texts through translation studies at the time I made and the image which has always been of great interest to me.


- So this project is for 2020? 


- For 2021.


- 2021, okay, first in Berlin. 


- In Berlin, of course, of course the city ... 


- To begin with, after that you are going to take your little tour ...


- Where I have been living for 16 years, yes and therefore yes, it will be my 17th year and therefore this will really be a moment when I would like to share my experience and above all bring this unity, this gathering, that even in division, even if we have been divided, we can unify. This is the main message I would like to get across this room.


- That positive, positivism, it is very encouraging especially in the moments that we live, the world is bad and it is encouraging to see, to hear things like that positive. Moving forward. So to finish, Laetitia, what is your favorite French proverb? 


- So a beautiful soul receives by giving and an ungrateful steals by receiving.


- Magnificent !! 


- Here I find that it sums up very well what I wanted to share.


- And what you are.


- What I am, exactly, that's all, yes.


- A very big thank you Laetitia.


- Please Evelyne, it's a pleasure to participate in your program, thank you very much for the invitation.


- Thank you for your analysis and your positivism and see you very soon!


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